Les Adieux à Willy Humm à Sindeldorf
Samedi 21 Septembre 2013, on apprenait à Marigny la disparition du pilier du jumelage avec Sindeldorf, petit village d’Allemagne avec lequel un fort lien d’amitié existe depuis 54 ans. Willy Humm nous quittait alors dans son sommeil, après 91 années d’une vie tourmentée très tôt par les horreurs de la guerre, mais également animée par une envie de réconciliation intense. Et c’est pour honorer la mémoire de ce grand homme qu’une délégation de 23 français s’est rendue à Sindeldorf ce Vendredi 27 Septembre, pour des obsèques à l’image du défunt : sincères, pudiques, et émouvantes.
Né en Août 1922, Willy Humm a 17 ans lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate. Sa vie est alors rythmée par ses études agricoles et son travail à la ferme familiale. En Octobre 1941, âgé de 19 ans, il doit se résoudre à quitter cette vie paisible pour intégrer les rangs de l’armée allemande, et rejoindre le front russe en Finlande. Après la capitulation allemande en Mai 1945, il est fait prisonnier par les anglais qui le transfèrent à l’armée française. Dans le camp de prisonniers d’Annecy, puis près des Contamines, il travaille dans des conditions très dures à la reconstruction des routes et ponts, avant de se blesser et de réintégrer le camp d’Annecy.
C’est là qu’en Février 1946, il croise la route de Léon Thomé, exploitant sur la commune de Marigny-Saint-Marcel, à la recherche de main d’œuvre agricole. Il intègre alors cette famille d’exploitants qui le considèrent très tôt comme un homme à part entière, victime comme eux de cette terrible guerre. Des liens forts se tissent entre Willy et Léon, sa femme Jeanne, et les 5 enfants du couple à l’époque. Des marques de respect et de solidarité solides forgent une réelle amitié, et Willy obtient sa libération en décembre 1947 après avoir sauvé Jeanne Thomé d’une dangereuse chute d’échelle.
De retour à Sindeldorf, il retrouve sa famille, sa fiancée Klara qu’il épouse en 1949, et continue ses correspondances avec la famille Thomé, ainsi qu’avec le curé de Marigny, Jean Dunoyer, qui entretenait lui aussi avec Willy une sincère relation amicale.
En 1952, Willy décide de partir pour Marigny avec sa femme Klara afin de la présenter à sa famille d’adoption. 7 années seulement après la fin de la guerre, ce premier voyage marquait déjà la volonté de Willy d’oublier le passé douloureux et de ne garder que les vrais liens humains qui en étaient nés. En 1956, puis 1958, d’autres voyages semblables renforcent ce rapprochement. Jean Dunoyer et Henri Thomé, fils de Léon, sont les premiers à rendre visite à Willy à Sindeldorf en 1958. Enfin, en 1959 et avec l’aide du curé Dunoyer, un premier groupe d’allemands se rend à Marigny et marque là le premier échange officiel. L’année suivante, ce sont 38 personnes de Marigny qui font le trajet à Sindeldorf pour quelques jours, hébergés chez les habitants du village allemand.
Dès lors, les allers et venues d’un côté comme de l’autre n’ont pas cessé, et les différentes familles des 2 villages ont noué des liens très forts grâce à cette histoire. Le dernier échange en date se tenait cet été à Marigny, avec la venue de 76 allemands de tous âges, riches de ce nouveau séjour de partage, et accueillis par des français de toutes générations.
Grâce à toutes ces personnes que sont Jean du Noyer, la famille Thomé, et bien sûr Willy Humm, c’est une richesse inestimable qui lie entre elles des personnes qui n’auraient jamais été amenées à se rencontrer.
Willy a ainsi su transmettre à chacun cette volonté de vivre en paix, de partager des moments d’amitié sincère, et surtout de ne pas revivre des conflits générant d’innombrables victimes d’un côté comme de l’autre.
Il était le précurseur de l’amitié franco-allemande, bien avant les différents actes politiques. Ce 21 Septembre, c’est un acteur de la Paix qui disparaissait.
Au revoir et Merci Monsieur Willy Humm.